mercredi 3 juillet 2013

The end

Et voilà, on y est : ce blog, commencé en Asie pour vous donner des nouvelles et nous servir de carnet de voyage, se termine aujourd’hui tout comme notre périple sur ce fabuleux continent que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

« Parcourir le monde et voir ce que la vie propose
Vivre au grand air et marcher dans les champs de roses
Visiter les places où le destin me dépose
Et devant les merveilles du monde je prendrai la pause
[…] Quelque part sur la route il y a bien quelque chose
Repère ton étoile et décroche-là si tu l’oses ! »


C’est en écoutant souvent les paroles de Danakil que l’envie de tout quitter a grandi en nous peu à peu jusqu’à l’accomplissement de ce rêve. On n’a certes pas parcouru la Terre entière ni marché dans des champs de roses (plutôt des rizières en fait) mais on a pris la pause nécessaire pour voir certaines merveilles du monde : tous ces moments avec des gens merveilleux, tous ces paysages et endroits fabuleux, toutes ces choses extraordinaires de faites. Grâce au blog, vous avez pu partager un peu avec nous certains grands moments de ce voyage et comprendrez, qu’après les avoir vécus, nous reviendrons sans doute à jamais différents.

Il est pour nous impossible de conclure sur chacun des pays, ceux que nous avons préférés, moins aimés, comme souvent les gens nous le demandent. Bien sûr, nous serons heureux de pouvoir reparler avec vous tous de chacun d’entre eux, de nos rencontres, mais le blog ne peut à notre sens se terminer ainsi, sur une sorte de classement des choses que nous aurions préférées. Ce que nous avons aimé, c’est CE voyage, dans sa globalité, avec ses bons et ses mauvais côtés.

Seuls en famille, avec juste nos sacs (et parfois nos surfs !) sur le dos, nous venons de passer l’année la plus extraordinaire de toutes. A tous ceux qui nous demandaient si cette pause n’arrivait pas trop tôt, si nous n’allions pas galérer étant donné le jeune âge des enfants et si ils ne risquaient pas de n’en garder que peu voire aucuns souvenirs, nous pouvons aujourd’hui dire que nous ne regrettons rien, bien au contraire. La folie aurait été de ne pas faire ce voyage. Après toute la frénésie amenée par l’entrée dans la vie active et l’arrivée de nos deux enfants, cette pause nous aura permis de découvrir un continent inconnu certes mais aussi de rompre avec le quotidien, de se découvrir autrement, de prendre la vie du bon côté,  de profiter comme jamais les uns des autres, et justement de nos loulous. En moins d’une année passée ici, nous avons peut-être bien passé plus de temps ensemble que les 5 ou 6 dernières passées en France. Sans logement fixe, ni voiture, ni téléphone et toutes ces choses matérielles que nous avions pris grand plaisir à lâcher, nous nous sommes vraiment sentis libres et heureux. Tellement heureux que même les enfants qui eux quittaient au départ à regret leur petit monde se sont laissés emportés avec nous dans la joie de ne posséder pas grand-chose de plus que l’essentiel : l’amour d’une famille.

Plus encore que tout ce que ce voyage nous aura apporté à tous les deux, nous mesurons ce qu’il aura apporté à nos enfants et donc à notre petite famille.

Océane partie relativement timide revient de ce voyage beaucoup plus sociable qu’à cinq ans et demi. Elle s’est plus que jamais ouverte au monde et aux autres, et ce dans une langue qui n’était pas la sienne. On imagine donc qu’elle risque encore de changer de retour en France où tous les échanges lui sembleront forcément plus simples. En Asie, notre petite puce aura appris à lire, à écrire, à compter, mais bien plus encore… Elle a découvert l’intérêt et la chance qu’elle avait d’aller à l’école en voyant les nombreux enfants non scolarisés qui travaillent déjà ici, mais aussi en rencontrant dans les classes d’autres élèves dont l’envie d’apprendre était contagieuse. Plus que ce qu’elle n’a appris de mots d’anglais (elle en connaît quand même un paquet !), elle a très vite saisi l’intérêt de parler une langue étrangère, voire plusieurs. Elle a découvert d’elle-même que la différence, loin d’être une barrière aux rencontres et aux  échanges, était source de richesse pour qui veut la partager. Elle qui aimait déjà ça avant est désormais une fan de nature, de grands espaces et d’animaux en tout genre. Elle a laissé son monde de princesse pour enfiler son costume d’aventurière. La pollution, souvent très visible ici, lui a fait rapidement prendre conscience de l’intérêt de protéger notre planète. Conscients de l’absence de tri des déchets dans la plupart des pays visités et sachant où finissaient nos poubelles, nous avons été soucieux, autant que faire se peut, de produire le moins de déchets possibles, ce qui l’a beaucoup sensibilisée aux problèmes environnementaux. Elle sait aujourd’hui qu’il vaut mieux acheter une bouteille à re-remplir pour éviter celles en plastique, que l’on peut très bien se passer des sacs plastiques dont les gens sont fans ici…. Bien sûr tout n’est pas acquis mais nous ferons en sorte qu’elle n’oublie jamais ce genre de préoccupations de retour à la maison. Enfin, pour notre plus grand bonheur à tous les deux, elle a appris à nager dans les eaux les plus chaudes qu’il nous ait été donné de goûter et n’a désormais plus aucune appréhension face aux vagues. Elle qui n’osait toujours pas s’immerger après une année de natation réclame aujourd’hui de faire le canard pour plonger sous les vagues. Jamais cela ne serait allé aussi vite si nous étions restés en France à aller quelques fois à la piscine municipale où elle trouvait toujours l’eau trop froide ! Bien sûr, on pourrait continuer la liste de tout ce que lui aura apporté ce voyage encore longtemps mais il faut aussi laisser de la place pour son frère.

Comme nous tous, petit Célian n’est bien sûrpas en reste sur les bénéfices de cette pause en famille. Parti à l’âge de 2 ans et demi, l’évolution depuis son départ est même certainement la plus remarquable pour tout notre entourage. Il a lâché ses couches, ses biberons, son doudou, sa poussette… et tout ce qui touche au monde de bébé pour prendre son envol dans la cour des grands. Plutôt que d’être scolarisé avec des enfants de son âge, il a passé une année aux côtés de sa grande sœur de presque trois ans son aînée, ce qui a forcément rapidement modifié ses préoccupations, sa manière de jouer et de se comporter. Bien que 24h sur 24 avec papa-maman, il n’a pas eu d’autre solution que de grandir plus vite pour s’adapter à cette nouvelle vie de bipède routard. Il a d’ailleurs vite découvert la joie de marcher pieds nus et est désormais un peu fâché avec les chaussures. On verra ce que ça donne de retour en France ! Comme Océane, il a accepté de « lâcher » ses parents pour s’ouvrir à d’autres choses ou d’autres personnes toutes aussi intéressantes. Curieux et ultra-sociable, il a souvent provoqué des rencontres en allant vers les autres, se faisant inviter à entrer dans leurs maisons et nous y invitant ensuite. Il s’est rendu compte que l’on pouvait avoir plein de copains un peu partout dans le monde et se taper avec eux des fous rires sans même parler la même langue. Lui qui au début bloquait sur pas mal de personnes parce qu’il ne comprenait pas ce qu’elles disaient, parce qu’elles étaient ou se comportaient d’une manière différente à la nôtre et qu’il trouvait ça bizarre, il a appris à ne plus se préoccuper de ça et à aller vers tout le monde. Il connait lui aussi pas mal de mots en anglais et sait répondre aux questions les plus courantes. Il adore ça et passe d’ailleurs pas mal de temps à jouer « à parler anglais » en inventant des nouveaux mots aux sonorités anglophones. Comme sa sœur, il a assouvi plus que jamais son envie de grand air, d’espace, et préfère aujourd’hui passer une heure dehors avec trois bouts de bois et un caillou qu’enfermé avec des petites voitures. Il se débrouille également comme un chef en natation et ne devrait pas tarder à laisser ses brassards au placard. Mais il a aussi appris à se poser (un peu obligé vu le nombre d’heures cumulées passées à attendre assis à une table de warung !) et à canaliser son énergie dans des activités sur lesquelles il était incapable de tenir avant de partir. Lui qui refusait de tenir un feutre plus de deux minutes en septembre passe aujourd’hui des heures à dessiner, et ce avec ses deux mains (monsieur semble être ambidextre !)

D’une manière générale, ils sont tous les deux plus complices que jamais, ont appris à tout partager (de l’assiette, au lit, en passant par les jeux et les feutres emportés) et à se mettre chacun à la portée de l’autre. Ils ont également appris à se contenter de ce qu’ils avaient (que ce soit pour les jouets ou la nourriture) et nous semblent du coup beaucoup moins envieux qu’avant de partir. Il nous paraît difficile de mesurer ce changement aujourd’hui, il faudra voir de retour en France et sur le long terme. Mais nous avons bon espoir pour que tous ces bénéfices perdurent dans le temps.

Allez, il est maintenant l’heure de prendre l’avion. Le premier pas que l’on y fera pour y entrer risque d’être douloureux, mais sur les conseils d’un ami (merci pour le message Fx !), nous essayerons de penser à cet instant-là que l’on y reviendra un jour, même si c’est pour moins longtemps…


Jakarta Airport, 3 juillet 2013 : Décollage imminent !


mardi 2 juillet 2013

Derniers jours en Asie

Il nous aura fallu encore 15h de route, dont trois abominables premières heures (afin de quitter Batukaras par les petites routes et rejoindre une plus grande), pour atteindre Cimaja, une autre destination surf de Java. Nous ne sommes plus désormais qu’à 5 h de route de l’aéroport de Jakarta…


Les routes de campagnes javanaises

Partis à 5h du matin, nous avons eu droit à la belle lumière du lever de soleil.

Sur la route.


Et comme nous sommes arrivés de nuit, nous avons aussi eu droit à la belle lumière du coucher de soleil !


Quelques photos de surf. Cimaja est un spot avec une très bonne droite qui marche à toutes les tailles, et il y a une autre super vague à tube juste à côté : Indicators. On peut changer de spot à la rame si on est motivé. Je me suis encore bien gavé !


Le rivage est composé d’une succession de baies, avec des vagues presque à chaque pointe rocheuse.

Le chemin pour Cimaja

Une banane avant d’aller surfer ?

Cimaja point.



Un peu plus loin, Indicators, bien creuse !

A l’eau !

Entrainement aux canards.



Au line up

De très jolies droites









Certaines séries avaient quand même tendance à fermer sur la fin ce jour-là.



Fin de session

Et pendant que papa surfe, nos cuistos ouvrent leur nouveau restaurant : « Coconut Resto ». Mais bizarrement, il n’y a que des plats français au menu cette fois-ci !

 




Si le rivage est ici bien moins sauvage que l’endroit d’où nous venons, il suffit de prendre le scooter pour y trouver des coins sympas, toujours aussi verts que partout ailleurs sur cette île. Cela nous convient parfaitement, nous aimons nous y perdre encore et toujours entre rizières, rivières, bananiers, cocotiers, papayers…  avant de retrouver dans quelques jours le gris du béton de Paris, et bientôt celui de Bordeaux. On ne parle pas du ciel, on espère que l’été sera enfin arrivé en France.


Sur la route pour une autre plage.  

Les enfants en profitent. On ne sait pas quand sera la prochaine fois mais ce qui est sûr, c’est que l’eau ni sera pas si chaude.

Des petits tas de cailloux disséminés un peu partout pour rafistoler les routes de l’île qui en ont bien besoin.

On laisse la plage pour une promenade sous les cocotiers.


C’est sûr, ils vont nous manquer !




 

Toujours à fond ! Pourvu qu’ils aient de quoi se construire des arcs et des flèches.

Potagers tropicaux


Promenade au bord de la rivière. L’eau étant très souvent polluée par ici, on n’y trempera que les pieds.

Non loin de là, buffles sur fond de décharge :-( D’où notre doute quant à la propreté de l’eau !

Sur le chemin, on croise d’énormes tas de cailloux : le rêve de Célian !


Les gens d’ici s’y baignent sans problème.

Océane et les fleurs…
 
Lancers de cailloux pour les garçons !



Des petits ponts en bambous permettent de traverser. Des hommes viennent y chercher de la terre et en font des tas un peu partout.

Ils la charge ensuite dans des sacs et repartent avec.

Heureux comme tout


Les filles s’essayent à la poutre.

Démonstration du prof de sports !


Toujours des bananiers…

et des rizières.

On y trempe les pieds une dernière fois avant de partir.

« Ah ben il était bien ce parc de rizières ! » nous dira Célian après y avoir passé un moment.


Océane demande à ce qu’on la prenne en photo touchant une jeune feuille de bananier, de peur que ça ne soit la dernière…

Bye bye les rizières, vous aussi vous allez nous manquer !


Car nous sommes maintenant en Juillet et l’approche du retour se ressent de plus en plus. Les enfants sont complètement excités, presque parfois intenables à l’idée de retrouver grands-parents, oncles, tantes et cousins-cousines, tout autant que leurs jouets restés en France. Célian ne se souvient pas des trois quarts d’entre eux, c’est souvent Océane qui l’aide à se remémorer. Mais quand ils en parlent, l’un comme l’autre ont les yeux qui brillent à l’idée de tous ces nouveaux jouets qui les attendent. Le prochain Noël ne leur semblera peut-être pas si extraordinaire après ça.

Pour nous deux, plus on approche du jour J et moins on arrive à vraiment réaliser ce qui nous attend ! On se couche le soir en se disant « allez ca va être bien » et on se réveille le lendemain en se disant « oh noooooooon, j’ai pas envie ! » Nous vivons donc ces derniers temps avec des sentiments un peu ambivalents mais qui ne changeront pas la donne : dans deux petits jours on est de retour en France avec ses bons et ses mauvais côtés.

Quand on pense à la France après une année passée ici, il nous tarde forcément de retrouver famille et amis, puis on rêve de pain, de vin, de fromage… mais on n’oublie pas non plus tout ce que l’on n’aime pas dans ce pays. A commencer par toutes ses lois trop sécuritaires à notre goût et qui nous privent de certaines libertés, de la sensation de flicage permanent qui va avec… :-( La chanson de Renaud nous revient alors en tête : « La France est un pays de flics,  à tous les coins de rue y’en a 100… » Pas faux ! On espère d’ailleurs éviter comme cadeau de bienvenue l’amende du contrôleur SNCF pour « transport de planches de surf non déclarées ». Après les trajets sur lesquels nous nous les sommes trimbalées à l’arrache sans problème, ça nous ferait bien chi… Alors c’est vrai que ça, les réglementations rigides en tout genre, les amendes parce qu’on roule 2 secondes sur un trottoir en vélo, les radars… et aussi les gens pressés, aigris, pleins de stress, qui font la gueule et vous poussent sans ménagement dans les transports, qui s’énervent en voiture, ne savent pas faire un sourire quand vous leur demandez quelque chose, le virus du « chacun pour soi » qui rode en Europe…  ça a aussi tendance à nous donner envie de rester ici plutôt que de revenir.

Nous étions bien ici, libres comme l’air, à quatre sur notre scooter pour aller où l’on veut. Et où que l’on aille d’ailleurs, les gens nous sourient, veulent que l’on s’arrête discuter, manger un truc ou simplement que l’on s’assoit à côté d’eux juste parce qu’ils aiment la compagnie, et la compagnie d’étrangers aussi. Cela fait maintenant plus de dix mois que tous les gens croisés au quotidien nous adressent un énorme et franc sourire. Même lorsque c’est pour signifier que quelque chose ne leur plait pas, cela est fait avec le même sourire, qui ne semble pas sur-fait. Les gens, intérieurement, ne s’énervent pas. Car ne pas sourire et « faire la gueule », c’est offenser gravement la personne à qui l’on s’adresse. C’est finalement peut-être bien cette façon d’être à l’autre et cette douceur dans les relations humaines du quotidien qui nous manqueront le plus. A nous de répondre par le sourire à tous ces gens qui ne savent plus en faire usage.


Toujours accueillis de la même façon.


Que ca soit les gens sur leur scooter ou ce dont nous avons pris l’habitude, nous regardons maintenant chaque chose en nous disant que c’est peut-être une des dernières fois avant longtemps. Voici quelques exemples de ce que l’on voit par la fenêtre d’une guesthouse au bord de la route. Cinq minutes de prise de photos seulement auront suffit à vous offrir un petit éventail de ce que l’on voit tous les jours sur les routes un peu partout en Asie.


Assis sur le toit


 

A l’arrière des camions bennes

 
 


Dans le coffre de la voiture

A deux, à trois…

ou à quatre sur un scooter.

Avec bébé ! Si si regardez bien.

Le casque très souvent pour les adultes mais rarement pour les enfants.

Bien chargés




Avec un masque

En indienne

Cachées sous un blouson...

 
ou en anorak, par 35 degrés. Normal !



Voilà, c’est le dernier post sur un endroit visité, car c’est le dernier endroit. Cela nous fait tout drôle. On envierait presque les enfants qui eux ne se rendent pas vraiment compte de ce que cela signifie et ne voient que les bons côtés. Pour une fois, on essaie de prendre exemple sur eux. 


Allez, on revient avec le sourire :-))